Arpès boulot, pas dodo... Mais bière! [Libre]

Après une journée de boulot qui n'en finissait plus, comme les autres, éreintantes, comme les autres aussi et j'en passe, je me retrouve dans un petit bar bien sympa et tranquille qui se trouve à deux rues à peine du poste de police, donc c'est le rendez-vous des collègues en quelque sorte. Je suis assis là, au comptoire, buvant ma chope de bière avec contentement. Je suis seul, mais connaissant les habitudes des potes, je devrais pas le rester très longtemps.

Fin de ma garde, avec trois quarts d'heure de retard bien sûr. L'autre légiste tient absolument à ce que je fasse des heures sup' pendant qu'il boit un café. Résultat, je loupe le dernier bus qui est sensé me ramener pas trop loin de chez moi, super. Avec une journée pareille, rentrer tout de suite ça sentirait le reste de la soirée déprimant, autant passé un moment de détente. Je me rends dans un bar, à deux rues du poste. J'entre, j'arrive au bar et je commande une bière.

Je vois Lena qui arrive et se commande une bière. Mais qu'est-ce qu'elle fait là? Elle a passé la journée à se forcer pour rester éveillée! 'Fin bref, je souris, sort un billet de ma poche et le file au barman.

Et voilà, je t'ai offert un verre maintenant!

Je souris toujours, portant mon verre à mes lèvres avant d'ajouter :

Qu'est-ce que tu fais là? Dormir ne te tente pas?

En entendant David, je souris, surtout pour ce qu'il me dit. C'était réellement une boutade lorsque je l'avais dit, mais après tout pourquoi pas. Je glisse un merci pendant qu'il boit. Le barman me donne ma bière, j'en bois une gorgée avant de tourner la tête vers David. Dormir ne me tenterait-il pas ? Oh si, mais comme j'avais raté le dernier bus, il me fallait un peu de "force" avant de rentrer chez moi à pied.

Oh bien sûr que si. Mais bon... j'ai pas de cours avant après demain, je dormirai plus demain matin.

Demain midi plutôt, j'ai tellement sommeil que je pourrais m'endormir n'importe où. Je ne serais pas venu si j'avais eu mon bus, mais bon...

Je souris un peu. C'est son choix après tout, mais on dirait que ça lui prend tout pour rester debout. Je tire donc un tabouret pour l'inviter à s'asseoir. Au moins elle tombera pas par terre, c'est déjà ça! Et puis comme il n'y a personne d'autre de mes connaissances dans le coin, aussi bien tapper un peu la causette!

Mais rentre si t'es fatiguée. Qu'est-ce qui t'en empêches de toute façon? Sûrement pas moi!

Je ris et hop, fini la bière. Je pousse le verre en direction du barman, lui demandant silencieusement de remplir le verre de nouveau.

David m'invite à m'asseoir. Etant donné que je suis plutôt bien fatiguée, je ne vais aps refuser. Un brin de causette et une bière, ça devrait m'aider avant de me lancer dans une longue marche nocturne, et qui plus est pas du tout la bienvenue. Mais je ne vois pas ce que je peux faire contre ça.

Ce qui m'en empêche... j'ai loupé le dernier bus pour rentrer chez moi, parce que l'autre légiste a décidé que trois quarts d'heure pour boire un café c'était raisonnable. Bref, je viens me préparer mentalement à rentrer à pied.

Rentrer à pied ne me gêne pas généralement. Mais là, il fait nuit, froid et je suis fatiguée. Mais ce n'es tpas comme si j'avais le choix.

Je peux te déposer si tu veux.

C'est sorti tout seul, sans que je ne le réalise vraiment. C'est mon habitude d'être aussi serviable. Je tiens ça de ma mère. 'Fin bref, le barman me rend un verre plein et j'allonge la monnaie avec un signe de tête.

Merci.

Je tourne ensuite les yeux vers Lena, attendant sa réponse. Je propose, mais après tout, elle est pas obligée d'accepter!

Alors que je buvais ma bière, il me proposa de me ramener. Honnêtement ça m'arrangeait bien. Ce n'est pas la première fois que je rentre à pied, mais ce soir... vraiment aucune envie. Une fois que j'ai avalé ma bière, je le regarde.

Si ça ne te dérange pas, je dis pas non.

Serviable comme garçon. Enfin il m'a paru être quelqu'un de sympathique dès la première fois, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Je bois encore un peu de ma bière, je vais y aller modéremment tout de même, je suis fatiguée et il ne faudrait pas que l'alcool me monte à la tête trop vite.

Si ça m'aurait dérangé, je n'aurais pas proposé.

Je ris doucement, buvant encore un peu. On est solide à l'alcool dans la famille alors on donne souvent cette impression de boire comme des trous alors qu'on est encore en pleine possession de nos moyens.

Alors ça va les études? Ça doit quand même aider à bien mémorisé de bossé au poste en même temps non?

Je souris à sa remarque juste avant de lui dire merci. Je m'étonne par ailleurs d'avoir encore la force de sourire. Je rentre chez moi et pour sûr je m'endors à peine allongée sur mon lit.

C'est sûr que bosser en même temps a ses avantages. La pratique et la théorie en même temps, c'est mieux que l'un ou que l'autre. Sans compter que faire les deux en même temps me fera finir plus tôt que la normale. Même si au départ, c'est surtout un arrangement tout autre.

Oui, un tout autre arrangement. Il faut dire que mon père ce "héros" a décidé de couper les ponts à sa fille chérie à qui il n'a pas parlé depuis plus presque deux ans. Et si maman m'a aidé un peu... elle en est maintenant incapable. Lena, te revoilà seule.

Comment ça?

Je plonge ma main dans le plat d'arrachide pour en prendre quelques unes et les fourrer dans ma bouche. Bière, bouffe et discussion sympa, on peut pas faire mieux comme soirée! Enfin si... Mais bon, je suis pas Jake alors je peux survivre sans. xD

Gentil papa a décidé qu'il coupait les vivres à sa fille unique, pour... un certain désaccord.

Première fois que j'évoque ce sujet. Qui pourrait croire que mon père est du genre à faire ça ? Moi uniquement. Même maman prétend que c'est ma faute, mais après tout elle n'était pas là ce jour-là. Enfin elle au moins ne m'abandonne pas.

Alors je me suis retrouvée avec rien, en plein milieu de mes études. Ma mère m'a aidé quelque peu, jusqu'à ce que mon père découvre le truc. Finalement j'ai trouvé un accord entre ma fac et le poste. Mais il paraît qu'ils ne font ça qu'avec les "élèves d'exception".

Je mimais en temps les guillemets pour "élèves d'exception". Je devrais me sentir honorée, ce qui en fait est bien le cas. Mais ce n'est pas toujours évident non plus.

J'hoche de la tête. Que faire d'autre? En entendant ça, la seule qui me vient à l'esprit c'est : "T'es pourri gâté Dave!" et c'est bien vrai. Même si notre mère a toujours été réticente à ce que nous entrions dans la police, mes frères et moi, elle nous a toujours encouragé dans les choix que nous faisions...

Je vois. Pas très joyeux quoi...

Ah ce que tu peux être doué pour remonter les morals Dave!

Pas très joyeux en effet. Mais il m'était arrivé pire dans la vie, durant mon enfance même. Et si aujourd'hui je ne m'entendais pas avec mon père, et qu'il ne voulait plus me voir, ça ne me semblait pas si dramatique. Surtout lorsque je pensais au pourquoi du "Ma fille tu n'auras plus rien".

C'est déjà mieux que si c'était moins bien.

Je bois une autre gorgée de ma bière, pas trop pressée de la finir non plus.

Et toi alors ? Police c'est vocation de la famille ?

Je ris un peu à sa question. Trois frères policiers bossants dans le même poste. Oui on peut rapidement faire le lien!

Totalement! Mon père était policier...

Ça me fait bizarre d'en parler aussi librement. D'ordinaire je garde le tout pour moi. Ou les gens font le lien entre ces trois frères aux manières surprenantes parfois et l'homme qu'étant Johns Speirs quand il était encore en vie. Après tout nous sommes lui. Grincheux et fumeur comme Logan, un peu fou comme Jake et puis moi je lui ressemble physiquement...

J'étais au courant pour leur père. Je n'allais pas lui dire comment, peut-être n'allais-je même ne pas lui dire que je suis au courant. Je me souvenais qu'on avait parlé de la mort de l'inspecteur Speirs aux infos alors que je n'avais que sept ans. Cela devait être deux ou trois semaines après que l'on m'est retrouvé, je me souviens tellement bien de cette période, que je n'ai pas pu oublié. Mais je n'ai pas envie de penser à cela. Alors j'oublie vite en pensant à autre chose.

Oui, donc c'est de famille. Ca doit être ce qu'on appelle "tradition de père en fils".

J'essayais de ne pas trop m'étendre non plus. Cela ne devait pas être facile pour lui.

J'ai ris de nouveau. Difficile de faire autrement. À croire qu'on était prédestiné à être policier. On est doué à ça et sans le moindre effort, c'est l'instinct, c'est tout.

Ouais. Après tout on est doué, que faire d'autre dans ce cas?!

L'important, c'est de faire ce qu'il nous plait, non ?

Cela me rappelait une des raisons pour lesquelles mon père avait fini par couper les ponts avec moi. Où était-ce moi qui les avait coupé ave clui ? Bonne question, mais je ne connais pas la réponse. Dommage, cela aurait peut-être pu m'aider. Bref, pas si important que ça en fait, alors ça ne sert pas autant d'y penser. Pour quelqu'un qui m'intéressait très peu désormais, je pensais un trop à lui à mon goût. Enfin, j'oublie encore et j'écoute David, c'est bien mieux.

Bien entendu.

Je prends une nouvelle gorgée de bière. De toute manière, je ne me vois pas faire un autre métier que celui-ci. Depuis tout petit, c'est très clair dans ma tête. Je serai flic peu importe le moyen. Heureusement, j'ai réussi et je pense ne pas m'en sortir trop mal non plus! ^^

Je finis ma bière, avec une certaine difficultée tout de même, certainement la fatigue. Je l'ignore pour tout dire, mais pas question d'en reprendre une. Lorsque le barman me regarde insistant, je fais un signe négatif et de la tête puis il va s'occuper d'autre chose.

Pourquoi t'as voulu faire flic ?

Etrange question, il fallait le dire. Mais peut-être que sa réponse m'aiderait. A quoi ? A répondre à une de mes autres questions complètement dénuée de sens.

Bonne question. Je lève les yeux au plafond y cherchant ma réponse et je dois y réfléchir un moment avant de trouver les mots pour expliquer mon choix si évident à la bases.

Parce que je sentais que je ne pouvais rien faire d'autre. Qu'en me levant tous les matins en étant policier, j'avais une bonne raison de sortir de mon lit...

Je fis un mouvement de tête, accompagné d'une mimique, que j'espère il n'a pas vu. Mes mimiques font mourir de rire un étudiant de la fac. En même temps il est bon public.

C'est une bonne raison.

Pourvu qu'il ne me demande pas pourquoi j'ai voulu faire légiste. La réponse, je ne suis pas sûre de l'avoir. Pourtant, je sais qu'au fond je dois bien la connaître la raison. Elle ne doit pas être si compliquée... c'était pour les morts au début... ça doit toujours l'être je suppose.

Innarêtable dans ma lancée, maintenant que j'ai commencé, je poursuis, précisant du même coup mon idée primaire.

Et puis c'est aussi pour aider. Trouvé ce qui s'est passé sur un meurtre, arrêter l'assassin, ça rend service et pas juste aux parents de la victime. Ça fait un psycopathe de moins dans les rues. C'est à ça que sert tout le commissariat en faite. Non?

Je l'écoutais donc, il semblait avoir une bonne idée sur la question apparemment. Et en l'écoutant, j'étais plutôt d'accord avec lui. Il n'a pas tort dans ce qu'il dit.

C'est vrai. Un psychopathe de moins, c'est toujours ça de pris.

Je pensais subitement à "mon" psychopathe. Cet homme dont la voix résonnait encore dans ma tête. En quinze ans, je n'avais pas été capable d'oublier sa voix, et si j'avais pu le voir, je n'aurais certainement pas non plus oublier son visage.

Mais on ne peut pas tous les arrêter... malheureusement.

C'est pour ça qu'il ne faut surtout pas abandonner, répondis-je avec un sourire. C'est en un travaillant dur qu'on y arrivera. Pas en se tournant les pouces et en attendant que les choses se fasse tout seul. C'est pour ça que tu n'as pas dormi de la nuit et pour ça que les scientifiques se prennent des maux de tête. Et pour ça aussi que nous les flics on court partout dans la ville!

Que d'inspiration! Pfiou Dave tais-toi et bois un coup. Tout de suite conscience. Je porte donc mon verre à mes lèvres pour terminer ma tirade.

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